Lors d'une Assemblée générale organisée par le syndicat apicole de l'abeille de l'Aisne le 22 avril, les apiculteurs ont fait part de leur désarroi.
C'est avec effroi que, lors de l'ouverture des ruches avec l'arrivée du printemps, particuliers et professionnels ont constaté des pertes considérables... "On est habitués à perdre entre 10 et 20% de nos abeilles, mais là c'est une catastrophe", alarme Jean-Marie Camus, vice-président du syndicat et président de l'association sanitaire apicole du département.
"Chacun pensait qu'il n'y avait que son rucher qui était impacté, mais en partageant nos expériences, nous avons constaté que tous le département de l'Aisne était affecté par cette mortalité, allant souvent de 80 à 100%", poursuit le président du syndicat.
"En ouvrant les ruches, les apiculteurs découvrent une poignée d'abeilles mortes... Le reste n'est pas revenu à la ruche. Sauf qu'il y a beaucoup de miel dans les carrés, elles ne sont donc pas mortes de faim"
Ce que M. Camus insinue, c'est que les insectes n'ont pas pu retrouver leur ruche par manque d'orientation. Un symptôme typique du thiaclopride, un néonicotinoïde accusé de s'attaquer au système nerveux des insectes, désorienter les pollinisateurs, et ainsi contribuer au déclin spectaculaire des colonies d'abeilles.
"J'ai eu ce matin un apiculteur au téléphone, il a 80 ans et autant d'années d'expérience derrière lui. Il a perdu 6 ruches sur 7... Aujourd'hui les apiculteurs sont complètement perdus", regrette M. Camus.
Mardi 23 avril, un avocat rémois spécialisé dans l'environnement va se déplacer dans un rucher à Prouvais, dans l'Aisne, pour constater et prélever des cadavres d'abeilles et faire des analyses approfondies.
L'avocat souhaite attaquer la Cour Européenne des droits de l'Homme pour son inaction. "On tergiverse mais il faut prendre des décisions. Certains pays prennent position, comme la France avec le Roundup, mais il faut une harmonisation des directives"
En France, la profession d'apiculteur va mal. Ces dernières années, le taux de mortalité est passé de 5% par an en moyenne à 30%. Les pesticides figurent au premier rang des causes de la mortalité des abeilles, une situation dénoncée depuis des années mais qui n'évolue pas ou peu.
Focus sur le thiaclopride, un insecticide "tueur d'abeilles" dans le viseur des autorités ⤵️https://t.co/eW2o6oFSWu pic.twitter.com/WrzOSOWdte
— franceinfo plus (@franceinfoplus) 6 mars 2018
Néonicotinoïdes: l'Anses recommande de réduire "au maximum" l'usage du thiaclopride
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a recommandé lundi 5 mars 2018 dans un rapport d'étape de réduire "aux maximum (les) usages" du thiaclopride dès 2018, un néonicotinoïde dont l'usage est en augmentation.La loi sur la biodiversité de 2016 prévoit l'interdiction des néonicotinoïdes en France à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles au cas par cas jusqu'au 1er juillet 2020. Ces substances s'attaquent au système nerveux des insectes, désorientent les pollinisateurs, contribuant au déclin spectaculaire des colonies d'abeilles. Elles touchent aussi des invertébrés terrestres et aquatiques et persistent dans l'eau et les sols.
Dans ce cadre, l'Anses a été chargée de réaliser une évaluation des risques et des bénéfices des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes, et de leurs alternatives. L'agence examine aussi les impacts sur la santé humaine de ces substances.